Financer les travaux de l'A31 par la concession et donc par le péage est inacceptable.
Il existe des pistes plus justes et plus efficaces.
Il s'agit de la taxation des flux de circulation nord/sud : une écotaxe régionale.
Il s'agit aussi du financement d'un tel équipement d'intérêt transfrontalier par une contribution fiscale transfrontalière.
Le Conseil d'Orientation des Infrastructures (COI) a remis son rapport à la Ministre des Transports : le projet d’A31 bis y apparaît comme étant une priorité nationale.
Très bien… Mais rien de vraiment nouveau : le projet d’accroissement des capacités de circulations sur l’A31 est déclaré comme une priorité depuis plus de 30 ans…Le dossier est toujours au point mort !
Ceci étant, le rapport préconise la mise en place d'une concession pour le tronçon Thionville-frontière luxembourgeoise. Ce dernier serait concédé à une société à capitaux privés et donc soumis à péage.
Une telle orientation qui préconise un financement par le péage est inacceptable. Elle pénalisera in fine les travailleurs frontaliers, en particulier les plus fragiles : intérimaires et employés des petites entreprises qui ne pourront pas peser sur les employeurs pour obtenir une compensation de ces frais supplémentaires.
Imposer un péage sur ce tronçon autoroutier aura forcément aussi des effets sur la circulation dans les axes secondaires et la sécurité pour les riverains dans les villes et villages traversés.
Si on souhaitait renforcer les inégalités de traitement des usagers de nos routes et accentuer l'insécurité routière aux abords des axes secondaires, on ne s’y prendrait pas autrement.
Je veux rappeler l'intérêt de la mise en place d'une écotaxe régionale afin de financer les travaux d'infrastructure par la contribution des transporteurs qui empruntent l'A31 dans le cadre des flux commerciaux européens. Cette mesure était pourtant approuvée quasi-unanimement par les élu(e)s du territoire.
Il est en effet regrettable qu'on ne parvienne pas à trouver de solution de fiancement autre qu'un péage pénalisant les frontaliers dans un tel couloir européen.
Car cette artère vitale et stratégique fréquentée par près de 100 000 véhicules par jour est au cœur des enjeux de développement des deux côtés de la frontière franco-luxembourgeoise. La mise en place d'un péage serait par conséquent un très mauvais signal envoyé aux habitants du territoire mais aussi et surtout à nos enfants qui prendront le relais dans une Europe en mal d’Union…
Parallèlement, dans les relations qui lient nos deux pays, en même temps que se pose la question du financement des infrastructures, se pose a fortiori la question de la fiscalité, en particulier celle des travailleurs frontaliers.
J'ai formulé des propositions en la matière en tant que parlementaire mosellan. J'ai proposé la mise en place d'un fonds alimenté des deux côtés de la frontière et qui servirait à financer les équipements nécessaires au développement de l'espace transfrontalier. Ce mécanisme mutuellement avantageux basé sur une répartition plus équitable et plus efficace des richesses créées pourrait concrètement faciliter les investissements d'intérêt mutuel. Je proposais qu'on en fasse l'expérimentation sur le territoire du GECT Alzette-Belval.
La problématique autoroutière et d'une manière plus générale la mobilité entre la Moselle et le Luxembourg pourrait faire l'objet d'une collaboration dans un cadre similaire.
La volonté d’un co-développement allant dans le sens du « gagnant-gagnant » doit primer dans les relations avec nos voisins et amis luxembourgeois afin de redonner du sens à la construction européenne tout en améliorant considérablement la vie quotidienne des habitants de la région.
Républicain Lorrain du 14 janvier 2017
La Semaine du 15 Février 2018